Source crédit Photo: collection personnelle Jacques Hiron,
© photothèque Lydia Moonta.
© photothèque Lydia Moonta.
Le 28 novembre 1931, le Moonta effectuait sa première rotation hebdomadaire autour du golfe, le fameux et très célèbre Gulf Trip, qu'il allait assurer pendant 24 ans, sans interruption.
Le Gulf Trip avait beaucoup de succès, son prix extrêmement attractif (6 livres seulement) y était pour beaucoup. Pour cette somme, on passait six jours pleins (départ le samedi après-midi et retour retour le vendredi matin), on parcourait 720 miles nautiques et on faisait escale dans 6 ports.
Le golfe de Spencer dans le sud de l'Australie que le Moonta briquera sans discontinuer pendant 24 ans de 1931 à 1955
Les passagers disposaient de cabines à une, deux ou quatre couchettes. Le confort du Moonta était un autre de ses atouts, en particulier son système de ventilation d'air présent dans toutes les cabines.
Les parties communes( salle à manger, salon, fumoir) étaient assez luxueusement traitées avec des parois entièrement lambrissées de bois de citronnier.
La salle à manger

Le fumoir
La formule du Gulf Trip était à mi-chemin entre la croisière et la ligne régulière. Les passagers embarquaient plus souvent pour l'agrément du voyage que pour la nécessité de se rendre à une destination précise.

Au retour, Port-Hugues, puis de nouveau Port-Lincoln recevaient le navire. selon les voyages, quelques autres escales pouvaient se faire à Whyalla et à Port-Germein, avant le retour à Adelaïde. A chacune de ces escales, des excursions à terre (facultatives et en supplément) étaient proposées aux passagers. Aux dires de la plupart d’entre eux, le seul point noir du Gulf Trip était la navigation en dehors des eaux très calmes du Golfe de Spencer, surtout au niveau des îles Althorpe, où les coups de roulis du Moonta causaient une épidémie de mal de mer.
Port-Lincoln est le principal port de la côte-ouest du Golfe de Spencer, ce qui explique la double escale qu'y effectuait le Moonta. Ce port était également desservi par le Minnipa et les passagers pouvaient arriver avec un bateau et repartir avec l'autre.
Source crédit Photo: Librairie of South Australia
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Le Minnipa |
Source crédit Photo: collection personnelle Jacques Hiron,
© photothèque Lydia Moonta.
© photothèque Lydia Moonta.
Le Moonta était réglé comme une horloge et assurait ses rotations habituelles 51 semaines par an.
Source crédit Photo: Journal The Advertiser.
La 52e, la même chaque année, celle du 1er mardi de novembre, le voyait prendre la mer vers Melbourne. C'est dans ce port qu'il effectuait son carénage annuel car c'est à cette date que se déroule la plus grande course de chevaux d'Australie, la Melbourne Cup. La compagnie rentabilisait le voyage avec des billets aller et retour pour la semaine. Les passagers logeaient à l'hôtel, en ville, et réintégraient le bord pour le voyage de retour vers Adelaïde.
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Source crédit photo: Collection AAML |
Le Moonta était très apprécié de ses passagers et ceux-ci achetaient habituellement à bord un souvenir de leur traversée. Le choix était assez large, avec des anneaux de serviettes, des plats divers, des cendriers, des couverts, des cartes postales, du papier à lettres, etc...
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Source crédit Photo:
Collection personnelle Jacques Hiron
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Etui à cigarette "Moonta" |
Les menus eux-mêmes, qui n'étaient pas vendus, eux, prévoyaient un emplacement spécial pour les autographes des membres d'équipage. Tout était bien sûr marqué à l'effigie du navire. Ces objets font les beaux jours de certains collectionneurs australiens actuels car le souvenir de ce bateau est resté vif dans la mémoire populaire.
© photothèque Lydia Moonta.
Le séjour à bord du Moonta était organisé comme celui d'un véritable bateau de croisière. Distraire les passagers était une préoccupation constante de l'équipage. La restauration était de grande qualité, une règle essentielle connue de tous les armateurs. Le bar était bien fourni et le piano du fumoir très sollicité. Différentes activités sportives étaient proposées dans la journée: tennis de pont, jeu de palets, courses de petits chevaux, notamment.
Source crédit Photo: Collection personnelle Jacques Hiron,
© photothèque Lydia Moonta.
© photothèque Lydia Moonta.
Les soirées donnaient lieu à des animations variées: bal costumé, crochets musicaux (les "Amateur Hours") et d'interminables parties de "housie housie", l'équivalent de notre loto. Les excursions à terre s'inscrivaient parfaitement dans ce programme. On pouvait ainsi découvrir les hauts fourneaux de Whyalla ou les montagnes des Flinders Ranges dans l'arrière-pays. Un rendez-vous rituel était très apprécié: celui du grand bal offert aux "gulf trippers" le mardi, à l'escale de Port-Augusta, qui avait lieu dans la salle des fêtes de la ville.
Source crédit Photo: Collection personnelle Olivier Alba,
© photothèque Lydia Moonta.
© photothèque Lydia Moonta.
Aujourd'hui, les seuls bateaux transportant des passagers, à l'exception des ferry-boats, sont les paquebots de croisière. Dans les années 30, au contraire, on ne construisait que des paquebots de ligne, exploités sur des traversées régulières. Le Moonta et son Gulf Trip, en faisant abstraction de sa fonction de transport de marchandises, préfigurait déjà cette spécialisation dans la croisière. C'est dans ce cadre qu'il était le plus apprécié, c'est là où il avait l'essentiel de sa clientèle. Et c'était quelque chose de très inhabituel pour l'époque. Il fut un véritable précurseur.
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Au début des années 50, la concurrence du transport terrestre, avec le développement des voitures, commença à concurrencer sévèrement l'activité des navires de l'Adelaïde Steamship Company en service dans le Golfe de Spencer, aussi bien pour le fret que pour les passagers. Le tarif du Gulf Trip avait été progressivement augmenté après guerre (il s'élevait à 15 livres australiennes en 1955) mais ce n'était pas suffisant pour rentabiliser l'exploitation.
Il fut décidé de réduire la flotte et ce fut le Moonta qui le premier en fit les frais.
Son dernier Gulf Trip s'acheva le 4 février 1955.
Commence alors quelques mois plus tard une autre carrière sous le pavillon grec de La Hellenic mediterranéan Line, mais c'est une autre histoire...
Commence alors quelques mois plus tard une autre carrière sous le pavillon grec de La Hellenic mediterranéan Line, mais c'est une autre histoire...
La cloche du Moonta aujourd'hui,
© photothèque Lydia Moonta.
© photothèque Lydia Moonta.
Jacques
Hiron
Trés bel article signé Jacques Hiron qui nous éclaire un peu plus sur l'étonnante histoire de ce paquebot !!! Félicitation et continuez à nous en apprendre. Dommage que son état actuel ne soit pas à la hauteur de son histoire. Je l'ai "visité" cet été et, sans polémiques stériles, ça ne respire pas vraiment l'authentique. Il n'est que l'ombre de lui même le pauvre. ça m'a fait de la peine.
RépondreSupprimerPatientez chère amie, les "choses" vont évoluer, sans nul doute et dans la bonne direction. Certes, l'on part de bien bas, à fond de cale même, mais quand les bonnes volontés se rencontrent et qu'elles laissent à quai ce qui les différencient de trop, il n'y a pas de raison de désespérer, bien au contraire !
RépondreSupprimerPassionnant retour aux sources ! Puisqu'il faut bien râler un peu (on est en France, que diable...) serait-il possible d'avoir, au cliquage, les photos des documents écrits petits agrandies de façon lisible. Je sais que les droits photos ne valent pas grand chose sur le net côté pillage, mais sans les rendre téléchargeables, il doit être possible de pouvoir déchiffrer correctement ces documents, non ? Merci d'avance et bonne continuation !
SupprimerBjr, nous allons essayer de prendre en compte vos remarques, bien que la manipulation informatique ne soit pas notre fort. Merci de l’intérêt que vous nous portez.
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